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Rhumatologie

Publié le 23 aoû 2023Lecture 2 min

La surveillance des anticorps anti-médicaments chez les patients non répondeurs aux traitements biologiques serait-elle à envisager ?

Odile MOLY, Toulouse

Une équipe de chercheurs du service de rhumatologie de l’hôpital Bicêtre de l’AP-HP, de l’Université Paris-Saclay et de l’Inserm ont récemment démontré dans le JAMA Network Open, l’existence d’une association entre les anticorps anti-médicaments et la non-réponse aux traitements biologiques chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde.

Les bDMARD (biologic disease-modifying anti-rheumatic drugs) sont recommandés comme traitement de deuxième intention de la polyarthrite rhumatoïde (PR). Toutefois, seuls 40 à 60 % des patients sont encore sous traitement après 2 ans. Les anticorps anti-médicaments sont un des facteurs associés à l’échec de ces traitements biologiques, jouant un rôle dans la diminution de la concentration du médicament et la perte d'efficacité des bDMARD. C'est pourquoi une étude a été menée dans le cadre du projet européen ABIRISK (Anti-Biopharmaceutical Immunization: Prediction and Analysis of Clinical Relevance to Minimize the Risk), projet qui a pour objectif de fournir un nouvel éclairage sur les facteurs à l'origine de cette réponse immunitaire aux traitements biologiques. Dans la PR, l’étude de cohorte a analysé les données de l’étude ABI-RA (Anti-Biopharmaceutical Immunization : Prediction and Analysis of Clinical Relevance to Minimize the Risk of Immunization in Rheumatoid Arthritis Patients), multicentrique, ouverte et prospective, menée auprès de patients atteints de PR dans quatre pays européens dont la France. Deux cent trente patients ont été analysés et traités par anti-TNF (adalimumab, étanercept ou infliximab), rituximab (anti-CD20) ou tocilizumab (anti-IL6R). La réponse clinique a été évaluée à 12 mois selon la réponse EULAR (European Alliance of Associations for Rheumatology). À 12 mois, la positivité des anticorps anti-médicaments était de 38,2 % chez les patients traités par anti-TNF, 50 % par rituximab et 20 % par tocilizumab. En analyse multivariée, la concentration des anti-TNF était significativement plus élevée chez les patients négatifs que chez les patients positifs aux anticorps anti-médicaments. Aussi, les concentrations d'étanercept et d'adalimumab étaient plus faibles chez les non-répondeurs que chez les répondeurs. Les résultats de cette étude de cohorte prospective suggèrent ainsi une association entre les anticorps anti-médicaments et la non-réponse aux bDMARD chez les patients atteints de PR. La surveillance des anticorps anti-médicaments pourrait être envisagée dans le traitement de ces patients, en particulier ceux qui ne répondent pas aux médicaments biologiques de la PR.

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