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Gynécologie

Publié le 23 oct 2023Lecture 3 min

Traitements contre l’infertilité et risque d’AVC - 3 questions au Pr Charlotte Cordonnier, neurologue au CHU de Lille

Odile MOLY, Toulouse

Une étude américaine récemment publiée dans le JAMA Network Open a suggéré que les traitements contre l’infertilité seraient associés à un risque plus important d’hospitalisations pour accident vasculaire cérébral (AVC) dans les 12 mois suivant l’accouchement. Si toutes les femmes sont à risque d’AVC durant la grossesse et le post-partum, l'existence de facteurs vasculaires influence ce risque. Comme le souligne le Pr Charlotte Cordonnier, cheffe de service de neurologie au CHU de Lille, des conseils de prévention pourraient être donnés par les professionnels de santé aux femmes concernant leur risque d’AVC pendant la grossesse et le post-partum.

Une étude américaine publiée fin août dans le JAMA Network Open a été menée sur plus de 31 000 000 femmes ayant accouché entre 2010 et 2018, dont 0,9 % d’entre elles (287 813 patientes) avaient reçu un traitement contre l'infertilité et 99,1 % (31 052 178 patientes) avaient accouché après une conception spontanée(1). Les résultats de cette étude ont estimé un taux d'hospitalisation pour AVC dans les 12 mois suivant l'accouchement de 37 pour 100 000 patientes parmi celles ayant reçu un traitement contre l'infertilité (105 patientes) contre 29 pour 100 000 patientes après une conception spontanée (9 027 patientes). De plus, le risque d'hospitalisation pour un AVC hémorragique était plus élevé que celui pour un AVC ischémique. Le Pr Charlotte Cordonnier, cheffe de service de neurologie au CHU de Lille et chercheuse à l'Inserm, revient sur les résultats de cette étude.   Ces données américaines peuvent-elles être extrapolées à la France ?  Les données de l’étude américaine sont difficiles à extrapoler à la France car certaines informations sont manquantes, notamment les types de traitement contre l’infertilité utilisés et l’existence de facteurs de risque vasculaires au moment de l’initiation des traitements ayant contribué à l'infertilité et/ou à la survenue d’AVC. Toutes les femmes sont à risque d’AVC durant la grossesse et le post-partum mais l'existence de facteurs de risque vasculaires comme l'HTA, le diabète ou le surpoids influence ce risque. La question de l'impact des traitements contre l'infertilité sur le risque d’AVC est intéressante car certaines patientes qui reçoivent ces traitements ont des facteurs vasculaires qui peuvent également contribuer à leur infertilité. À l’image de cette étude américaine, les dernières données épidémiologiques du registre français CONCEPTION, avec plus de 4 500 000 femmes ayant accouché en France entre 2010 et 2018, ont montré une incidence d’AVC en France de 24 pour 100 000 patientes-années (avec ou sans traitement contre l’infertilité)(2). L'incidence en France est donc moins importante qu'aux États-Unis (ce d'autant qu'en France les cas étaient comptés pendant la grossesse et 6 semaines après l’accouchement versus 12 mois suivant l’accouchement dans l’étude américaine).   Aujourd’hui, existe-t-il un suivi neurologique en post-partum des patientes issues d’un parcours de procréation médicale assistée (PMA)  ? Actuellement, aucune recommandation n’a intégré le suivi neurologique chez les patientes issues d’un parcours de PMA. Il est important de souligner que, même en l'absence de PMA, la grossesse et le post-partum sont une opportunité de sensibiliser les femmes sur leur risque vasculaire. Certains groupes de patientes ayant des facteurs de risque vasculaires tels que le surpoids, le diabète, l’HTA, l’HTA gravidique, le diabète gestationnel ou une prééclampsie sont à haut risque de faire un AVC dans le futur. Celles-ci pourraient recevoir par les professionnels de santé une information et des conseils de prévention concernant leur risque d’AVC, première cause de mortalité chez la femme en 2023.   Cette étude va-t-elle avoir un impact sur la pratique clinique ? Cette étude souligne l'importance de prendre en compte la santé du cerveau des femmes dès le plus jeune âge, y compris pendant la grossesse. En pratique, c’est d'autant plus vrai si les femmes ont reçu des traitements contre l’infertilité lors d’un parcours de PMA. En dehors des effets des traitements, il faudra également étudier chez ces femmes l'influence de paramètres plus subjectifs tels que, par exemple, le stress induit par la difficulté émotionnelle et physique d’un parcours de PMA.

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