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Cancérologie

Publié le 27 mar 2024Lecture 4 min

Dépistage du cancer du poumon en France : modalités pratiques et bénéfices attendus

Agnès LARA, Perpignan

De nombreuses études ont démontré l’intérêt d’un dépistage par scanner thoracique à faible dose chez les sujets à risque. Et alors que plusieurs études pilotes se poursuivent en France, le Dr Jacques Le Treut est revenu sur l’intérêt du dépistage du cancer du poumon et surtout sur sa faisabilité en vie réelle. Population cible, algorithmes décisionnels et bénéfices attendus ont été discutés sur la base des recommandations émises par plusieurs sociétés savantes françaises en 2021.

L’étude NSLT portant sur plus de 50 000 personnes en 2011, et plus récemment l’étude NELSON menée sur plus de 15 000 personnes (2020), ont apporté des résultats décisifs sur le dépistage du cancer du poumon par scanner à faible dose. Une réduction de la mortalité par cancer du poumon et de la mortalité globale par cancer a été rapportée(1,2). Confirmant cette baisse de mortalité, l’étude italienne MILD avait également observé que le dépistage bisannuel était aussi efficace que le dépistage annuel(3). L’efficacité du scanner à faible dose dans le dépistage du cancer du poumon été depuis confirmée par une revue Cochrane qui a estimé à 21 % la réduction de la mortalité par cancer pulmonaire et à 5 % de la mortalité toutes causes. Par ailleurs, toutes les études s’accordent sur le fait que le dépistage permet de repérer les tumeurs à un stade précoce (I/II), permettant à la grande majorité des patients dépistés (80 % environ) de bénéficier d’un traitement par chirurgie thoracique.   À qui proposer un dépistage du cancer du poumon ? À partir des données de la littérature et des expérimentations menées en France, des recommandations ont été émises par la SPLF, l’IFCT et la société d’imagerie thoracique en 2021(4). Elles sont en cours de révision, mais préconisent pour l’heure de dépister les personnes âgées de 50 à 74 ans, ayant eu une exposition tabagique de 15 cigarettes/j pendant 25 ans ou de 10 cigarettes/j pendant 30 ans, fumeurs actifs ou sevrés depuis moins de 10 ans (15 ans optionnel). Il est essentiel que le dépistage ait été accepté par le patient après une information éclairée, et que ce dernier soit volontaire pour démarrer une démarche d’aide au sevrage tabagique. Le dépistage doit être suspendu chez les patients dont la durée de sevrage tabagique est supérieure à 10 ans (15 ans en option), ceux ayant atteint un âge supérieur à 74 ans, ou en cas de survenue d’un critère de non inclusion (comorbidités, antécédents de cancer de moins de 5 ans, symptômes évocateurs de cancer…).   Quelle est la durée optimale du dépistage ? Les deux premiers examens de dépistage doivent être réalisés à un an d’intervalle, puis tous les deux ans par la suite si les deux premiers sont négatifs et s’il n’y a pas d’autres facteurs de risque que le tabac qui pourraient justifier d’une surveillance plus rapprochée (BPCO/emphysème notamment). Le dépistage sera ensuite poursuivi sur une durée minimale d’au moins 5,5 ans pouvant aller jusqu’à 10 ans. Il est réalisé par scanner à faible dose et sans injection de produit de contraste. Les recommandations françaises ont établi des algorithmes décisionnels pour le dépistage de nodules solides, en verre dépoli mixte ou en verre dépoli pur.   Quel bénéfice escompté en France chaque année ? Aujourd’hui, avec 1,6 million de fumeurs éligibles au dépistage et une mortalité annuelle estimée à 31 000 cas par l’INCa, une réduction attendue de 25 % (étude Nelson), et en considérant un taux de participation réaliste de 45 %, 3 488 vies pourraient être épargnées chaque année, contre 171 cas induits par l’irradiation liée au scanner. D’autres bénéfices s’ajoutent à cela, puisque le dépistage est aussi une opportunité de dépister les bronchopneumopathies chroniques obstructives, les emphysèmes, les pneumopathies interstitielles, ainsi que les pathologies cardiovasculaires (calcifications). Un atout non négligeable car, toujours selon l’étude Nelson, 55 % des patients dépistés présentent des calcifications coronaires.   En conclusion Les données de la littérature et les études pilotes menées en France montrent que le dépistage organisé du cancer du poumon est faisable en vie réelle. Sa mise en œuvre devrait démarrer début 2025. Comme pour tout dépistage, l’adhésion sur la durée constituera un véritable défi. Par ailleurs, de nombreuses questions restent encore en suspens comme l’organisation d’une double lecture ou le rôle que pourra y jouer l’intelligence artificielle.

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